Cannes 2014 : La plus belle ou la poubelle !

 

Palme de la pollution pour la mer-poubelle en Méditerranée

 

En avant-première du palmarès du 64ème festival de Cannes, Expédition MED et son laboratoire citoyen de recherche scientifique en milieu marin a la tristesse d'attribuer la palme de la pollution pour la mer-poubelle en Méditerranée àc ce conteneur à ordures de la communauté d'agglomération Nice-Côte d'Azur reposant au large de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Geolocalisation :Lat : 43°41'36 N / Lon : 7°19'27 E.

le jury voit une terrible mise en abîme[1] de la problématique des déchets en mer :

une poubelle au fond d'une mer-poubelle

[1] Procédé artistique consistant à représenter une œuvre dans une œuvre similaire (un film dans un film, une pièce de théâtre dans une pièce de théâtre, etc. ).

 
 
 
 
Le spectacle de nos détritus jonchant les fonds marins jusqu’à 4500 mètres de profondeur, et ce, jusqu’à plus de 2000Km des premières côtes  relève lui plutôt d’une mise en abysses des déchets humains qui a de quoi faire frémir le réalisateur James Cameron, passionné des grandes profondeurs ont ajouté les jurés. L’un d’eux, le chercheur de l’IFREMER François Galgani affirme que :

« La Méditerranée est la zone d’Europe la plus affectée, notamment près des grandes agglomérations ».

Cannes ne fait donc pas exception : chaque année en mai, le 7ème art se célèbre sur la Croisette dans une débauche de champagne, de fêtes, de strass et de paillettes, mais à quelques encablures de là c’est le monde du silence qui trinque, sans fanfare ni big band. Tandis que les stars en smoking foulent le tapis rouge, sous les marches du palais des festivals  s’accumulent des déchets charriés par une rivière souterraine avant de plonger pour un grand et long bain dans la Méditerranée. Les autorités locales ont beau nettoyer de temps en temps, chaque orage crée une nouvelle décharge sous le palais, les détritus venant de très loin à l’intérieur des terres. Lorsque les milliers de festivaliers, journalistes et badauds auront quitté Cannes avec leur moisson de rêves étoilés, d’autographes griffonnés et de sourires forcés, au fond de la baie resteront les mégots, cannettes et gobelets. A plus ou moins long terme sous l’effet du soleil et de l’eau, ils se disloqueront et viendront grossir les rangs des 250 milliards de microfragments plastiques que la première campagne de recherche d’Expédition MED avait permis de révéler en 2010. Les prélèvements que nous avons effectués l’été dernier confirment l’ampleur de cette pollution : entre Marseille et Gênes on trouve par endroits une plus importante concentration de microplastiques que dans les grandes zones d’accumulation de déchets océaniques, dont le mal-nommé mais désormais fameux « septième continent de plastique » (gyre du Pacifique Nord).

Stop plastic in the sea !

Depuis sa création en 2009 Expédition MED a fait de ces quelques mots son slogan et son  objectif. Aujourd’hui, devant la gravité de la situation, notre collectif de chercheurs, de marins, d’éco-citoyens engagés interpelle les pouvoirs publics, les décideurs économiques, le monde de l’art et de la culture et bien sûr tous les citoyens pour que chacun fasse sien ce mot d’ordre.

Engagez-vous, rejoignez-nous comme éco-volontaire, changez vos habitudes et faites pression sur les acteurs économiques pour qu’ils changent les leurs. Il existe des solutions pour éviter que cette mer quasi-fermée ne devienne le décor d’un film d’épouvante qui pourrait s’intituler « La nouvelle mer morte ». Aujourd’hui ce scenario catastrophe relève encore de la fiction, alors faisons-tout pour ne jamais le laisser devenir réalité. Le festival de Cannes et ses aficionados ont tout à y gagner.
 

 
   
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