RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES DE LA CAMPAGNE 2021
Les résultats préliminaires de la campagne 2021 d’Expédition MED vont enrichir les connaissances sur la pollution par les déchets plastiques en Méditerranée.
Dans le cadre de sa campagne 2021, Expédition MED a embarqué des scientifiques et des citoyens «trente Eco-volontaires » pour étudier la pollution plastique en Méditerranée.
Cinq programmes ont été développés durant les six semaines de navigation.
1 / Proposer des indicateurs de mesures sur la quantité de déchets plastiques flottants.
Dans le cadre de ce programme, un laboratoire citoyen embarqué a été développé à bord de notre navire le Bonita afin de permettre à des personnes volontaires provenant de la société civile d’embarquer et de participer à l’ensemble des travaux scientifiques réalisés à bord.
L’objectif est de pouvoir fournir des données en temps réel sur la quantité et la typologie de déchets plastiques flottants à la surface de la Méditerranée afin de proposer un référentiel commun sur la pollution plastique pour l’ensemble du bassin méditerranéen.
Les résultats obtenus dans ce rapport préliminaire concernent la fraction supérieure à 1 mm des déchets plastiques collectés. Les déchets ont été triés à l’œil nu, des analyses complémentaires en laboratoire sont prévues dans les prochains mois afin de confirmer la nature plastique de ces déchets et analyser la fraction inférieure à 1 mm.
- 2 / Développer un nouvel indicateur par l’étude du ratio zooplancton – plastique
L’objectif de ce programme est de contribuer à développer un indicateur du ratio entre les quantités de zooplancton et de plastique présents à la surface de la mer Méditerranée.
Le transport des microplastiques flottants est principalement influencé par le vent et les courants, responsables de leurs accumulations à la surface de la mer. Les organismes zoo-planctoniques possèdent des capacités de nage et bien que relativement réduites, ils peuvent maintenir leurs distributions dans certaines conditions hydrodynamiques. Ils peuvent également contrôler, par la migration nycthémérale, leur position dans la colonne d’eau. Pour cela, Expédition MED a collecté des échantillons spécifiques lors des périodes de pleine lune ou cette migration semble être la plus marquée. Ces échantillons permettront d’étudier les quantités de plastique par rapport au zooplancton présent dans la couche de surface à l’échelle de la Méditerranée.
Cette étude sera réalisée par le Laboratoire d’Océanographie de Villefranche Sur Mer sous la supervision de Maria-Luiza Pedrotti.
3 / Étudier la diversité de la « Plastisphère » par les communautés microbiennes colonisant les macro-plastiques flottants.
L’introduction des plastiques dans les océans fournit un très grand nombre de nouveaux substrats sur lesquels des microorganismes se développent. Ces plastiques sont des écosystèmes auto-suffisants qu’il est important de mieux étudier et comprendre. La composition bactérienne des communautés composant ces biofilms est de plus en plus étudiée par séquençage du gène codant pour l’ARN 16S. Cependant, une bactérie présente dans un biofilm n’est pas nécessairement un membre actif de la communauté. Jusqu’ici, très peu d’études ont étudiés les protéines qui pouvaient être retrouvées dans ces plastisphères.
Expédition MED a réalisé des prélèvements pour le laboratoire de protéomique et microbiologie (ProtMic) du professeur Ruddy Wattiez de l’université de Mons (UMONS – Belgique) et de sa doctorante Alice Delacuvellerie, pour qu’ils puissent réaliser des analyses de métaproteomiques par spectrométrie de masse. L’intérêt est de mettre en évidence les microorganismes les plus actifs au sein du biofilm ainsi que d’avoir un aperçu des métabolismes utilisés par ces communautés.
- 4 / Produire des données sur la quantité et la typologie des déchets plastiques présents dans la colonne d’eau.
Ce nouveau protocole testé cette année a pour objectif d’étudier la quantification et la caractérisation des microplastiques présents dans la colonne d’eau. En effet selon leur densité, certains plastiques sont amenés à flotter, d’autres à couler vers les fonds marins et certains peuvent rester en suspension dans la colonne d’eau. Nous nous sommes donc équipés d’un filet (construit selon les instructions de Philippe Fanget, Laboratoire EDYTEM) avec une maille de 200 µm permettant de réaliser des prélèvements verticaux à différentes strates et jusqu’à une profondeur de 50 m.
5 / Comptabiliser et caractériser en temps réel les macros déchets flottants présents sur la trajectoire du bateau.
Ce système « Macro Waste Tracker », développé par Cyril Carton (volontaire en service civique chez Expédition MED), a pour objectif d’automatiser la comptabilisation et la classification des macro déchets, en milieu fluvial et marin. Équipé d’une caméra, le flux vidéo est traité en temps réel à l’aide d’un modèle de réseau neuronal, adapté pour la détection des macro déchets. Ce système a déjà montré des résultats prometteurs en milieux fluvial, pouvant analyser les macro déchets d’une taille minimale de 3 cm depuis 5 mètres de distance. L’expédition Vigieplastic méditerranée 2021, a été l’occasion d’adapter et de tester ce système en milieu marin. Ce dernier a été installé à la proue du Bonita.
Au cours de cette expédition, 5176 déchets plastiques ont été caractérisés* (sur la première fraction supérieure à 1 mm) dans le cadre des analyses réalisées à bord .
Sur les 47 prélèvements d’eau de surface prélevés, 98% des échantillons contiennent du plastique (pour la fraction supérieure à 1 mm) et correspondant à 30 000 m3 d’eau analysés.
La suite des analyses des échantillons pour la fraction inférieure à 1mm sera réalisée ultérieurement.*
Les résultats présentés ci-dessous concernent la fraction supérieure à 1 mm. Ces déchets ont été triés à l’œil nu, des analyses complémentaires sont prévues dans les prochains mois afin de confirmer la nature plastiques de ces déchets.