Les actualités de « Vigieplastic Méditerranée » 2022

Les premiers résultats de la campagne

Cette expédition se déroule dans le bassin Nord Occidental Méditerranéen du 9 juillet au départ de Fiumicino (Rome) et une arrivée à Fiumicino le 19 août avec le bateau de l’association « Le Bonita ».

La mission va embarquer durant les six semaines de la campagne une soixantaine de personnes composée de marins, de scientifiques, d’environnementalistes, d’eco-volontaires, de journalistes et des représentants Algériens qui vont contribuer à une meilleure connaissance de la pollution plastique pour la sauvegarde des écosystèmes marins en Méditerranée.

Dans le cadre des sciences participatives, Expédition MED réalise avec les scientifiques et les éco-volontaires à bord des prélèvements et des analyses d’échantillons d’eau de mer afin de proposer des indicateurs de mesure sur la quantité de déchets plastiques flottants (macroplastiques et microplastiques). Avec le laboratoire citoyen embarqué, nous sommes en mesure de produire des données en temps réel sur la quantité et la typologie de débris plastiques flottants à la surface de la Méditerranée.

Durant les quatre premières semaines de campagne nous avons réalisé :

35 prélèvements au filet Manta avec un premier résultat de 3982 microplastiques supérieur à 1 mm pour l’ensemble.

Le plus faiblement contaminé ne contenant que 5 microplastiques > 1 mm et le plus fortement contaminé avec 545 microplastiques > 1 mm. Ce sont majoritairement des fragments et des films transparents surtout concentrés dans la fraction 1 – 2.5 mm. Pour rappel, la fraction des microplastiques inférieure à 1 mm sera caractérisée à terre après la campagne en mer.

Quantification et caractérisation des microplastiques flottants
L’étude des microplastiques est réalisée à l’aide d’un filet Manta, dont le nom tient de ses 2 grandes ailes (ressemblant à la fameuse raie manta) qui lui servent à flotter et maintenir une ouverture constante de la ligne de surface, jusqu’à 20 cm de profondeur. Ce chalut standardisé est équipé d’une chaussette de filtration de 3 m de traîne avec une maille 330 μm, terminée par un collecteur.

Les prélèvements sont ensuite caractérisés à bord avec le laboratoire embarqué. Les particules de plastique seront extraites des échantillons d’eau de mer, comptées et catégorisées avec des tamis selon leur taille (> 5mm ; 5 – 2,5 mm ; 2,5 – 1 mm), leur morphologie (fragments, films, lignes, mousses, granulés) et leur couleur.

Après le passage de la première caractérisation aux tamis, pour la fraction supérieure à 1 mm, une seconde vérification est réalisée avec la loupe binoculaire pour identifier d’éventuels fragments qui ne seraient pas d’origine plastique. Ensuite les fragments de plastique de chaque échantillon sont disposé dans une boite de pétrie pour une photo d’archive. Les échantillons sont ensuite conservés dans des flacons en verres.
La fraction brut des fragments de microplastiques inférieure à 1 mm de chaque échantillon est ensuite analysée à terre après la campagne en mer.

Le spectromètre Raman « Le MIRA de l’entreprise Metrohm » nous permet d’identifier la nature chimique du matériau plastique récolté en mer. En croisant ces analyses chimiques à la caractérisation morphologiques des microplastiques, nous pourrons remonter aux sources de pollution plastique en Méditerranée et fournir une base sur laquelle pourront s’appuyer les décideurs dans leur prise de décision pour la protection de l’environnement. Lire l’article

9 prélèvements pour l’étude de la plastisphère et de la protéomie

En partenariat avec le Laboratoire de Protéomique et de Microbiologie (ProtMic) du professeur Ruddy Wattiez et Alice Delacuvellerie (doctorante) de l’université de Mons en Belgique, l’objectif est de collecter des plastiques en mer pour l’étude de la plastisphère. Des analyses de métaproteomiques par spectrométrie de masse seront réalisées sur les échantillons dans un premier temps pour identifier les communautés bactériennes colonisant les débris de plastiques flottants en mer, et dans un second temps pour mettre en évidence les microorganismes les plus actifs au sein du biofilm ainsi que les métabolismes utilisés par ces communautés

3 prélèvements de pleine lune pour l’étude de la migration verticale du zooplancton et corrélation avec la pollution plastique

En partenariat avec le Laboratoire d’Océanographie de Villefranche (LOV) sous la supervision de Maria-Luiza Pedrotti, nous réalisons des prélèvements de zooplancton dans le bassin méditerranéen afin d’étudier leur migration verticale. Les organismes zooplanctoniques possèdent des capacités de nage, bien que relativement réduites, ils peuvent maintenir leur distribution dans certaines conditions hydrodynamiques. Ils peuvent aussi contrôler, par la migration nycthémérale, leur position dans la colonne d’eau.
Pour cela, nous avons collecté des échantillons spécifiques lors des périodes de pleine lune, ou cette migration semble être la plus marquée. Ces échantillons permettront également d’étudier les quantités de plastique par rapport au zooplancton présent dans la couche de surface.

2 prélèvements pour l’étude de la colonne d’eau

Quantification et caractérisation des microplastiques dans la colonne eau Poursuite des tests : Selon leur densité, certains plastiques sont amenés à flotter, d’autres à couler vers les fonds marins et certains peuvent rester en suspension dans la colonne d’eau. Nous nous sommes donc équipé d’un filet (construit selon les instructions de Philippe Fanget, Laboratoire EDYTEM) avec une maille de 200 µm permettant de réaliser des prélèvements verticaux à différentes strates et jusqu’à une profondeur de 50 m.

8 prélèvements pour l’étude du plancton volant avec actuellement 566 insectes collectés au total

Partenaires : Jean Louis Brunet, JLBA Medical et les entomologistes du Muséum National d’Histoire Naturelle et des EID. Les chalutages Manta contiennent souvent des insectes et il s’agira de conserver ces insectes séparément afin d’en identifier les taxons. Très peu d’espèces d’insectes appartenant à plusieurs ordres (coléoptères, diptères, hémiptères…) ou autres arthropodes vivent à la surface de l’eau de mer ou immédiatement sous la surface. Les causes en sont complexes et liées à des facteurs biologiques, physiques et chimiques. Beaucoup, par contre, peuvent être observées, de passage comme les migrateurs, ou d’autres, que l’on pourrait qualifier de « touristes », qui peuvent se retrouver piégés après s’être plus ou moins égarés à distance des rivages. Il semblerait que certaines espèces profitent d’éléments de la pollution actuelle, comme les particules plastiques, pouvant entrainer une modification des écosystèmes naturels avec des perturbations des équilibres qui pouvaient exister.

L’Algérie traque les microplastiques avec Expédition MED

Deux représentants algériens ont embarqué durant une semaine pour découvrir les protocoles pour étudier les microplastiques.
Sabrine Begard, ingénieure et cheffe de projet à L’Agence Nationale des Déchets (l’AND) du Ministère de l’environnement Algérien et Mohamed Lyes Ba Saïd, professeur de plongée et représentant de la fondation Algérienne PROBIOM, ont participé aux différentes manipulations des protocoles et les analyses réalisées à bord, (prélèvements avec le filet Manta, catégorisation avec la colonne de tamis, loupe binoculaire, …). Plus d’info

FR3 Provence Alpes Côtes d’Azur à bord du bateau d’Expédition MED

Deux journalistes de FR3 Provence Alpes Côtes d’Azur, Loïc Blache et Laurent Meney ont embarqués à partir de Saint Laurent du Var durant deux jours à bord du Bonita, le bateau des campagnes d’Expédition MED.
Un reportage en deux épisodes sur les Eco-volontaires qui collaborent avec les scientifiques à bord pour étudier la pollution plastique durant la campagne 2022.
Voir l’article avec les deux reportages