« Pelagos plastic free »

Plastisphère et cétacés

L’objectif de cette campagne est d’évaluer les risques d’exposition des baleines du sanctuaire Pelagos aux bactéries et virus de la Plastisphere.

Nous sommes dans le Sanctuaire Pelagos des cétacés pour étudier ce nouvel écosystème miniature en plastique, colonisé par des microorganismes.

Les déchets plastiques en mer peuvent être habités par des bactéries ou virus pouvant potentiellement occasionner des maladies sur des mammifères marins déjà fragilisés par les substances chimiques toxiques associées aux plastiques. Les polluants présents dans l’eau de mer et le stress occasionné par la pollution sonore amplifient également cette fragilité.

Nous échantillonnons cette plastisphere dans les zones d’alimentation du rorqual commun (Balaenoptera physalus). Ce grand mammifère, le deuxième animal plus grand au monde, se nourrit de krill, des petits crustacés qui s’alimentent eux même de phytoplancton. Les zones d’alimentation des rorquals sont caractérisées par une forte concentration de microplastiques, qui sont également ingérés par ces mammifères avec leur nourriture.

Pour sélectionner les zones de prélèvement des microplastiques, nous utilisons des sorties des modèles qui intègrent les informations sur les habitats préférés des rorquals par la concentration de chlorophylle, un indice de la présence du krill.
Les rorquals sont des indicateurs à large échelle des impacts des microplastiques et des contaminants associés, dans l’environnement pélagique. Cette espèce est une sentinelle de l’intégrité de la chaîne alimentaire au niveau de la Méditerranée.

Les déchets plastiques ont des impacts négatifs sur l’ensemble des cétacés et ce ne sont pas uniquement les rorquals qui sont affectés par les déchets plastiques selon Carlotta Vivaldi de @OceanomareDelphis. Cette experte de cétacés est à bord pour nous aider à l’identification des mammifères marins de la Méditerranée.

Chez les cachalots (Physeter macrocephalus) et  les autres cétacés teutophages, comme les globicephales (Globicephala melas) et le Dauphis de Risso (Grampus griseus), l’ingestion de déchets plastiques, confondus avec des calamars ou ingérés par erreur lors de la prise alimentaire, est une cause importante de maladie et de décès.

 

Une digue de déchets plastiques

La pollution plastique représente un impact majeur sur la Méditerranée, considérée comme la mer la plus polluée au monde.

Sur la jetée de Fiumicino, point de départ de la campagne 2018 d’Expédition MED, une digue de déchets plastiques confirme l’urgence de stopper cette hémorragie de déchets qui se déversent en Méditerranée.

La majeure partie de ces déchets provient des villes et communes du bassin versant de la ville de Fiumicino, proche banlieue située au nord à Rome. Ces déchets qui ont pu parcourir des centaines de kilomètres en amont de la ville, sont charriés par le Tibre et se retrouvent ensuite en mer à l’embouchure du fleuve avant d’être embarqués par le courant Liguro-Provençal sur l’ensemble du bassin Méditerranéen. Une partie de ces déchets est renvoyée de la mer sur la terre, par les tempêtes, le vent  et les courants marins, ou ils se retrouvent piégés et s’accumulent sur cette digue et une autre partie provient de l’abandon des déchets sur place.

Qu’elles solutions ?
Nous avons rencontrés à ce sujet le maire de Fiumicino, qui souhaite à raison que les villes et communes du bassin versant participent au coût de nettoyage de la digue, mais surtout qu’elles améliorent la gestion de leurs déchets !

La dégradation continue de l’environnement marin et l’augmentation de la pression sur ses habitants peuvent probablement provoquer un accroissement de la fréquence des épidémies sur les organismes marins. De plus, ceci facilite la dissémination des maladies liées aux champignons et aux bactéries en augmentant la prévalence et la sévérité des maladies infectieuses chez les cétacés.

Notre étude contribuera à une meilleure connaissance de l’impact des déchets plastiques sur les mammifères marins du Sanctuaire Pelagos.

Cette pollution n’est pas une fatalité et cette responsabilité, c’est nous.

 

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